À qui revient-il de donner du sens au travail ?

Est-ce à l’entreprise de donner du sens au travail ou au collaborateur de le trouver lui-même ? « Aux deux », répond Laurence Saunder, associée-gérante de Uside.
L’entreprise donne du sens au travers de son ambition, de ses valeurs, de sa mission
N’importe quel métier est porteur de sens et de valeurs, bien que le sens apparaisse de façon plus évidente dans certains. Quand il est peu flagrant, il revient à l’entreprise de travailler son ambition, sa vision, ses valeurs pour mieux faire comprendre le sens, d’une décision, d’une mission, de certaines tâches, des objectifs à atteindre…
En parlant de son ambition, donc d’objectifs qui dépassent les objectifs propres de l’individu, l’entreprise peut faire rêver ses collaborateurs. En renvoyant à ses valeurs, donnant ainsi une place aux émotions, elle inspire les hommes et les femmes qui la composent. Le sens repose aussi sur l’utilité et l’entreprise, en expliquant sa mission, son rôle au sein de la société, contribue à donner du sens.
« Les aspérités de l’entreprise, c’est-à-dire la capacité de l’entreprise à se différencier — par son ambition, ses valeurs, sa mission —, participent aussi au sens que les collaborateurs trouvent dans leur travail », explique Laurence Saunder, associée-gérante de Uside.
Le manager crée du sens en apportant une dimension émotionnelle positive
Pour donner du sens, il faut également savoir inspirer autrui. C’est ce que l’on entend dans les attentes des jeunes, demandeurs de managers inspirants. « Les collaborateurs attendent que leur manager crée du sens en partageant des projets d’équipe, une vision, des feedbacks positifs », poursuit notre interlocutrice. Par la convivialité, par la dimension émotionnelle positive qu’il apporte, le manager participe lui aussi au sens que les collaborateurs trouvent dans leur travail.
Le sens que la personne trouve dans son travail dépend aussi de son rapport au bonheur
Mais ce n’est pas parce que l’entreprise et le manager savent inspirer leurs troupes que l’individu trouve systématiquement du sens dans ce qu’il fait. « Le sens tient aussi au rapport de chacun au bonheur, au bien-être au travail, et deux dimensions entrent en ligne de compte pour ressentir du bien-être : la dimension émotionnelle et la dimension cognitive », souligne-t-elle. La première renvoie à la capacité à ressentir plus d’émotions positives que négatives, sachant que notre kit de survie nous programme pour répondre davantage aux émotions négatives. La seconde concerne la façon dont la personne perçoit son travail.
Développer sa capacité de satisfaction, un conseil qui vaut pour les personnes et les organisations
« La bonne nouvelle c’est que la faculté à être satisfait se travaille, on peut l’envisager comme une compétence à développer, en créant de nouvelles routines », pointe Laurence Saunder. Créer de nouvelles habitudes demande de savoir identifier ses phases de négativité pour faire en sorte de les limiter, sans nier l’utilité des émotion négatives — changer de routine ne relève pas en effet du leurre de la psychologie positive.
Le conseil vaut pour les individus et les organisations. La complexité et la rapidité croissantes du monde demandent à l’individu de développer une dimension positive qui lui permet de répondre aux attentes de performance. « Mais il est important que les entreprises comprennent comment elles peuvent développer une dynamique positive en leur sein, en générant des émotions positives chez leurs collaborateurs », ajoute-t-elle. Le sens au travail, un enjeu qui au fond demande aux dirigeants de transmettre plus d’énergie qu’ils n’en consomment, plus d’énergie c’est-à-dire, plus d’émotions.
Sophie Girardeau