Marque employeur et télétravail : un message à travailler

Critère de choix pour les profils de l’IT et du numérique, le télétravail est d’autant plus un atout de marque employeur que l’on précise ses modalités.
En 2019, le télétravail arrivait à la 491e place dans les mots clés recherchés par les candidat·es sur Monster.fr. Une crise sanitaire et un confinement plus tard, le voilà à la 4e place en mai 2020, du jamais vu ! Placé en 21e position en août, il reste un critère de choix pour les candidat·es et s’avère être un atout de marque employeur.
Télétravail avec des personnes à distance ou immédiatement mobilisables ?
Hugues Truttmann, fondateur de TDF Conseil, observe que le télétravail « facilite le recrutement de profils de l’IT et du digital car il permet d’élargir la zone de sourcing ». Illustrons et nuançons. L’éditeur de logiciels et solutions analytiques SAS France, par exemple, propose des contrats français pour des postes en télétravail pouvant être basés hors de France et repousse les frontières pour trouver des perles rares. Mais d’autres employeurs veulent des collaborateurs et collaboratrices immédiatement mobilisables et s’interrogent sur l’impact du travail à distance sur la dynamique collective de l’entreprise. C’est le cas d’Eurécia, éditeur de logiciel RH implanté en région toulousaine, qui propose du télétravail mais exclut l’embauche d’un·e candidat·e qui ne s’installerait pas localement.
Télétravail individuel vs travail sur site collaboratif
« Il existe des métiers qu’on exerce individuellement, comme le développement d’applications, et d’autres qui nécessitent un travail collectif, au sein d’équipes pluridisciplinaires et autonomes, comme les squads agiles, qui travaillent dans la même pièce et sont dans une itération et un partage permanents », explique Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet Clémentine. Chez AramisAuto.com, on confirme que selon les tâches, il est préférable de travailler en équipe ou à distance. « Les profils techs travaillent à distance mais sont aussi demandeurs de travail sur site », remarque Clémence Roynette, responsable recrutement du distributeur automobile en ligne. De plus, le télétravail n’est pas forcément un argument pour tou·tes les pros de l’IT et du digital : les plus expérimenté·es, opérationnel·les et autonomes, sont rompu·es à l’exercice, contrairement aux nouvelles recrues ayant peu d’expérience et dont l’intégration à distance pose question.
Distanciel et présentiel, une bonne combinaison à trouver
La période actuelle oblige à « réfléchir pour trouver le bon mix entre distanciel et présentiel ; il y a un vrai axe de communication à trouver, des messages de marque employeur à faire passer sur ce thème », estime Hugues Truttmann. En précisant les modalités de l’organisation du travail, l’employeur parle de son identité et sa culture. Comme le pointe Emmanuel Stanislas, « le télétravail est un marqueur de modernité managériale ». Chez SAS France, on cherche plus de flexibilité en termes de lieux et de nombre de jours. « Nous offrons le luxe de pouvoir choisir où l’on travaille et ce choix dit quel est notre style de management », souligne Aurélie Boulay, DRH de l’entreprise. Proposant actuellement trois lieux — le domaine de Grégy en Seine-et-Marne, siège de la filiale française, le plateau de la Tour Ariane de La Défense et le télétravail —, SAS va renégocier sa charte datant de 2011 et travaille à sa nouvelle proposition de valeur employeur. L’éditeur envisage la possibilité d’une option tiers lieu et le passage à trois jours de télétravail par semaine pour répondre aux attentes des collaborateur·trices (dont des data scientists et des architectes en informatique) ressortant d’un sondage post confinement.
Télétravail : des candidat·es aux avis partagés
Les discours des candidat·es étant partagés, AramisAuto, chez qui il est plus question de remote (fonctionnant à la discrétion du manager et dans l’échange avec les équipier·ères) que de télétravail (l’entreprise n’a pas de charte), s’adapte quant à elle à leurs demandes et leurs besoins. Par ailleurs, la question des trajets pour se rendre sur son lieu de travail, et du risque sanitaire associé, se pose différemment selon les régions. Chez Eurécia « la demande de télétravail ressort peu en entretien », remarque son fondateur Pascal Grémiaux. Le bureau étant pour lui un lieu d’échange et de développement, il fait du télétravail une possibilité (un jour par semaine), non un critère d’attractivité.
Sophie Girardeau
Publié le 24/09/2020